Faire la forme à l’envers. Une drôle d’idée ? Le Taiji à l'envers, c’est l'inversement des directions (attraper la queue de l'oiseau à gauche et non à droite, parer-tirer-presser-appuyer à gauche et non à droite, etc...).
Saisir la queue de l’oiseau à droite, à gauche, certaines formes (modernes) l’intègrent des deux côtés d’office, et le font pour tous les mouvements. Pour la forme en 108, c’est différent, mais on fait le brosser des deux côtés par exemple, mais peu de mouvements se font des 2 côtés.
Des 2 côtés. Faire un mouvement maintes fois lors de l’apprentissage, on peut vite avoir envie de s’étirer de l’autre côté en faisant le mouvement à l’envers. Notre forme travaille plus un côté, le droit. Elle est prévue, en étape avancée d’être réalisée à l’envers. Une histoire de de travail corporel interne harmonieux… mais pas que…
Se creuser la cervelle. Coordination et motricité, travail de l’attention en continu, faire fonctionner et relier les deux hémisphères du cerveau, latéralité… Ce n’est pas une mince affaire. Mais on a tout à y gagner de faire travailler tout ça. Et puis côté équilibre et prévention des chutes, l’âge avançant, un exercice formidable. Pour maintenir notre équilibre, le maintien des capacités cognitives est d’une grande importance. Et là, ça travaille !
Pour apprendre, pour avancer. Dans notre cheminement, avec le Taiji, on se rend vite compte que réussir ne veut plus dire grand-chose. On avance, on recule, et puis on comprend une chose, ou le corps veut bien le comprendre (enfin !), on avance encore un peu. On avance dans son corps et dans sa tête, cela nous transforme peu à peu.
Et puis venir dans un cours, il y a la notion d’apprentissage.
Notre rapport à l’inconnu. Faire la forme à l’envers, pas facile. On se trompe, on se trompe tous. Ce n’est pas bien grave, mieux vaut en rire. On travaille donc notre rapport à l’échec, aux habitudes, ça nous fait avancer. L’échec fait partie de l’apprentissage.
On essaie, on reprend. On gagne en coordination, en motricité, dans notre capacité à écouter et à créer des connexions neuronales.
Et puis, c’est aussi un beau travail de l’attention. On s’aperçoit également que certains mouvements en symétrie fonctionnent mieux que d’autres. Pourquoi ? Cela marche mieux du côté gauche ? Alors je vais travailler plus le côté droit pour progresser.
Merci aux échanges lors des rencontres enseignants de l’AIT à Nantes qui m’ont permis d’écrire ce texte et à François qui nous a souvent proposé de faire la forme « à l’envers », à Pascale qui nous fait faire certains mouvements des deux côtés.
Véronique Le Breton
Quant à la forme ”à l’envers“ ou inversée, je préfère la concevoir comme forme à gauche complémentaire de la forme à droite que nous avons l’habitude de pratiquer de façon exclusive ; en effet nous nous sommes bi : bipèdes, bi-manuel(le)s, bicéphales, binoculaires sans quoi nous ne percevrions pas la profondeur par exemple, etc…
Nous pratiquons les étirements des méridiens des 2 cotés et essayons de développer l’alternance et la complémentarité du yin et du yang.
Alors pourquoi nous amputer d’une partie de notre corps, de l’espace, de notre cerveau et nous limiter dans une hémiplégie culturellement conditionnée. Les personnes gauchères à qui la société a longtemps imposé la droiture orthodoxe, pratiquent la forme à droite différente de leur orientation sans que cela ne leur soit impossible.
Le travail de la forme à gauche peut diminuer notre “gaucherie” psychomotrice acquise et favoriser notre “complétude complémentaire”.
Alors à gauche et à droite et en marche !
François Mazure
La Fille de Jade: association loi 1901 de Tai Ji Quan et de Qi Gong
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